Des traces d'éponge vieilles de 635 Ma (9/3/2009)

Love G.D., Grosjean E., Stalvie C., Fike D.A., Grotzinger J.P., Bradley A.S., Kelly A.E., Bhatia M., Meredith W., Snape C.E., Bowring S.A., Condon D.J. and Summons R.E., 2009. Fossil steroids record the appearance of Demospongiae during the Cryogenian period. Nature 457: 718-721

Les premières formes de vie apparues sur Terre sont très mal connues, soit qu'elles ne possédaient pas de parties aisément fossilisables (os, carapace, coquille), soit que l'enregistrement fossile est trop incomplet pour ces périodes reculées. Comment dès lors déterminer le moment où les premiers métazoaires (animaux pluricellulaires) sont apparus ?

Gordon Love et ses collègues ont pour leur part cherché des biomarqueurs fossiles, c'est-à-dire des molécules hydrocarbonées dérivées de la membrane lipidique des cellules des organismes. Pour les animaux primitifs, leur cible est un stéroïde à 30 carbones, le 24-isopropylcholestane, composé typique et exclusif aux Démosponges. Les traces de ce composé ont été retrouvées à travers tout l'Ediacarien, et jusqu'avant la fin du Cryogénien, montrant que des animaux le produisant existaient déjà il y a plus de 635 Ma, soit 100 Ma avant la diversification des bilatériens lors de l'explosion cambrienne. Les périodes géologiques étudiées par Love et al. furent marquées par de profonds bouleversements tels que des glaciations, des perturbations du cycle du carbone et la ventilation en oxygène des océans profonds, évènements qui ont pu déclencher l'apparition des métazoaires.

Les éponges actuelles sont caractérisées par des spicules, petites concrétions squelettiques minéralisées. Aucun spicule n'a cependant été retrouvé dans les couches du Cryogénien et de l'Ediacarien. Le 24-isopropylcholestane retrouvé serait donc issu d'un groupe d'éponges primitif, et non d'une classe moderne de Porifera.

Exemple de Démosponge actuelle, Ianthella basta, Papouasie Nouvelle-Guinée. (© Jan Messersmith, Creative Commons)