Une mère poisson de 380 Ma (29/05/2008)

Long J.A., Trinajsticaminski K., Young G.C. and Senden T., 2008. Live birth in the Devonian period. Nature 453, 650-652

Les Placodermes sont un groupe de poissons cuirassés apparus dès le Silurien (443 Ma) et disparus à la fin du Dévonien (360 Ma), qui fut leur âge d’or. Ils sont à la base des Gnathostomes (vertébrés à mâchoires) dont la majorité des poissons et tous les tétrapodes font actuellement partie.

Une nouvelle espèce, baptisée Materpiscis attenboroughi, a été découverte dans la Formation Gogo (nord-ouest de l’Australie), très connue pour ses poissons très bien préservés du Dévonien et datée de 380 Ma. Cette région n’a connu que peu d’épisodes tectoniques, ce qui explique la beauté des spécimens préservés, on y a même rapporté la découverte de structures telles que des muscles et des fibres nerveuses. Mais ce qui rend la découverte de Materpiscis ("la mère poisson" en latin) particulière, c'est la découverte d’un embryon à l’intérieur de son corps. Les restes auraient pu être ceux du dernier repas de l’adulte, mais non; leur position dans la cavité abdominale, l’exquise préservation de ces os fragiles (qui auraient été détruits par les sucs digestifs) portant les mêmes caractéristiques que celles de l’adulte (même espèce donc), et la présence de structures interprétées comme un cordon ombilical et un sac vitellin indiquent bien qu’il s’agit d’un embryon. On savait déjà que les placodermes se reproduisaient par fécondation interne.

Un autre spécimen du placoderme ptyctodonte Austroptyctodus gardineri, de la même formation que Materpiscis, possède lui aussi 3 embryons dans sa cavité abdominale. Ces embryons avaient auparavant été interprétés comme des restes partiellement digérés, mais la nouvelle découverte et un réexamen attentif du fossile a permis de les identifier comme des embryons d’Austroptyctodus.

Les Placodermes montrent donc une reproduction très avancée (fécondation interne et viviparité), et comparables à celles des Chondrichthyens actuels (requins, raies, etc.). Le cordon ombilical fossile montre les mêmes caractéristiques (forme, position, appendiculae) que celui des requins actuels.

Une photo du fossile de Materpiscis attenboroughi montrant les restes de l'embryon et du cordon ombilical (source : news.bbc.co.uk/2/hi/science/nature/7424281.stm)

 




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