Les Tardigrades

En 1773, Johann August Ephraim Goeze décrit pour la première fois d'étranges petits animaux qu'il nomme oursons d'eau. C'est 4 ans plus tard que leur est attribué un nom scientifique, celui de Tardigrades qui signifie "qui marchent lentement". Ces petites bêtes, dont les plus grands spécimens atteignent 1,5 mm, mais dont la moyenne se situe entre 0,3 et 0,5 mm de long, mènent en effet une vie paisible dans la mousse, se dandinant tranquillement sur leurs 4 paires de pattes.
Les tardigrades ressemblent à de minuscules oursons ou chiens, pourvus de 8 pattes parfois griffues, d'un cerveau, d'un tube digestif, une cuticule, de muscles, d'yeux, bref de tout ce qu'il faut pour faire un animal à la fois simple et complet. On peut les trouver à toutes les latitudes et altitudes, depuis les fonds marins jusqu'aux glaciers de l'Himalaya, mais ils affectionnent plus particulièrement les lieux humides et moussus. Certaines espèces ne sont connues que dans des localités particulières, tandis que d'autres, telles Milnesium tardigradum, sont observées dans la plupart des milieux fréquentés par les tardigrades. La plupart d'entre eux sont herbivores, gobant des morceaux de mousse; quelques-uns adoptent un régime plus carnivore en croquant les nématodes et les rotifères qu'ils croisent.
Certains esprits pensaient voir dans notre tardigrade un être extra-terrestre arrivé chez nous sur le dos de quelque météorite. En dehors de certaines capacités dignes de Superman, que nous verrons plus loin, ces animaux sont pourtant bien de notre planète. Pas vraiment un arthropode, le tardigrade fut longtemps difficile à classer, jusqu'à ce qu'on résolve le problème en lui attribuant son propre phylum ! On pense désormais qu'il est proche des Onychophores (péripates), eux-même groupe-frère des Arthropodes.
Les tardigrades peuvent produire de 2 à 40 oeufs selon les espèces. Les oeufs sont soit pondus, soit abandonnés dans l'ancienne cuticule au moment où la femelle mue. Chez les espèces relâchant les oeufs librement, ceux-ci sont souvent ornés de petites excroissances. Celles-ci sont très variées et les aident probablement à s'accrocher au substrat (pierres, fragments de plantes), comme moyen de défense, ou ralentir le processus de dessication. La maturation prend plusieurs semaines, et si les conditions sont défavorables les oeufs peuvent entrer en dormance de la même manière que les adultes. A l'éclosion, les larves sont minuscules, elles mesurent seulement 0,05 mm. Un tardigrade ne vit que quelques mois en laboratoire, sauf s'il rentre en dormance ou cryptobiose. Cet état lui permet de survivre à des conditions difficiles en attendant des jours meilleurs pour se "réveiller", il peut alors patienter durant des années. La durée de vie d'un tardigrade dans son habitat naturel est inconnue en raison des difficultés à l'observer dans les mousses.
les tardigrades ont la faculté d'entrer dans un état proche de la non-vie, durant lequel l'activité vitale devient presque indécelable en s'abaissant à 0,01 % de la normale. Pour entrer en cryptobiose, les tardigrades rétractent leurs huit pattes et déshydratent presque complètement leur organisme (perte de plus de 99% de leur eau), remplaçant l'eau à l'intérieur de leurs cellules par un sucre qu'ils synthétisent. Ce sucre se comporte comme une sorte d'antigel et préserve les structures cellulaires. Pour compléter la protection, ils se protègent dans une petite boule de cire microscopique appelée tonnelet. Lors du retour à des conditions dites « normales », l'ourson des eaux redevient actif en une durée qui va de quelques minutes à quelques heures.
étonnantes capacités : survie au vide presque complet, aux UV, à l'acide, au froid (-272,8°C), au chaud (150°C), pression équivalente à un océan de 60 000m de profondeur (6T/cm²)
Une des clés de sa survie est sa capacité à reconstituer son ADN endommagé après des conditions éprouvantes


Voilà, maintenant vous savez ce qu'il vous reste à faire : emprunter un microscope ou une grosse loupe, et aller chercher un peu de mousse dans le jardin, ou le parc, ou sur les murs, ou le toit (euh non ça c'est un peu dangereux) pour observer vous-même ces fascinantes petites bêtes. Pour ne pas écraser le tardigrade sous la lamelle, on veillera à laisser un espace entre la lame et celle-là en la plaçant sur d'autres lamelles à gauche et à droite. ;-)
 

En savoir plus

Tardigrades : un site de référence sur les Tardigrades, en anglais, bien achalandés en informations diverses et variées et photographies. Qui plus est il est très agréable à lire.

Tu mourras moins bête : un blog extrèmement drôle, dont voici l'article consacré aux étonnantes capacités des Tardigrades. N'hésitez pas à parcourir les autres BDs, qui abordent d'autres sujets en biologie/médecine/physique.

 




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